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Vendre sans perdre : comment préparer votre entreprise pour une transaction réussie
Est-ce que votre entreprise est prête à être vendue ? C'est bien plus que signer un contrat et encaisser un chèque...
Vendre sans perdre : comment préparer votre entreprise pour une transaction réussie
Vendre son entreprise, ce n’est pas simplement signer un contrat et encaisser un chèque. C’est un processus complexe qui demande une préparation minutieuse. Beaucoup d’entrepreneurs pensent que leur entreprise est prête à être mise sur le marché jusqu’au moment où un acheteur potentiel pointe des failles qu’ils n’avaient pas anticipées.
Au Québec, les conséquences d’une mauvaise préparation peuvent être lourdes : délais de vente prolongés, baisse du prix offert, voire perte de l’acheteur idéal. La question à se poser est donc simple : votre entreprise est-elle vraiment prête à être vendue aujourd’hui?
La vente d’une entreprise n’est pas qu’une question de chiffres et de contrats. C’est aussi la transmission d’années de travail, de réputation et de relations d’affaires.
Une transaction mal préparée peut :
- réduire considérablement la valeur de votre entreprise.
- exposer vos actifs à des risques fiscaux et juridiques.
- entraîner des litiges post-vente.
L’objectif est double : maximiser la valeur et réduire les risques. Cela implique de protéger vos actifs, d’optimiser votre fiscalité et de présenter votre entreprise sous son meilleur jour.
Cas fréquents rencontrés
Profil 1 : Le dirigeant pressé
« Je veux vendre vite, pour pouvoir passer à autre chose. »
- Erreur courante : négliger la mise en ordre des documents financiers et juridiques.
- Stratégie recommandée :
Avant même de chercher un acheteur, constituer un dossier de vente complet et professionnel, incluant :
- des états financiers audités des trois dernières années;
- la liste à jour des actifs (matériels, propriétés, propriété intellectuelle);
- tous les contrats clés (clients, employés, fournisseurs, baux);
- les résolutions corporatives, registres d’actionnaires, ententes d’associés;
- une synthèse claire du modèle d’affaires et des indicateurs de performance (KPI).
Cette préparation réduit les risques de découverte tardive d’un élément problématique pendant la due diligence.
- Avantages :
- Renforce la crédibilité du vendeur dès les premiers échanges;
- Accélère la prise de décision chez l’acheteur;
- Diminue les occasions de renégociation à la baisse;
- Raccourcit considérablement les délais entre l’offre et la clôture.
Profil 2 : L’optimiste surévaluateur
« Mon entreprise vaut au moins le double de ce qu’on m’offre! »
- Erreur courante : évaluer l’entreprise sur la base d’émotions plutôt que d’analyses objectives.
- Stratégie recommandée :
Faire appel à un évaluateur d’entreprise indépendant (CPA, CFA ou cabinet spécialisé) pour une évaluation rigoureuse, basée sur :
- les flux de trésorerie futurs actualisés (DCF);
- la comparaison avec des transactions comparables dans le secteur;
- une analyse des multiples de marché selon l’industrie et la taille.
L’expert peut également identifier les leviers de valorisation (ex. : dépendance envers le propriétaire, concentration client) qui pourraient être améliorés avant la vente.
- Avantages :
- Ancrer les négociations sur une base objective et crédible;
- Éviter de faire fuir des acheteurs sérieux avec des attentes irréalistes;
- Appuyer sa position de négociation avec des chiffres concrets;
- Permettre une meilleure anticipation des questions de l’acheteur pendant la due diligence.
Profil 3 : Le prudent fiscal
« Je veux vendre, mais je ne veux pas perdre la moitié en impôts. »
- Erreur courante : ignorer les stratégies fiscales disponibles avant la vente.
- Stratégie recommandée :
Commencer la planification fiscale 1 à 3 ans à l’avance, avec l’appui d’un fiscaliste. Selon le contexte, cela peut inclure :
- une réorganisation corporative pour faire rouler les actions qualifiées à une fiducie familiale;
- la cristallisation de l’exonération sur gains en capital (EGC);
- la création d’une société de gestion pour recevoir les produits de vente;
- le fractionnement des revenus avec les membres de la famille;
- la vente partielle ou progressive à travers une convention de gel successoral.
- Avantages :
- Maximiser l’exonération cumulative (jusqu’à 1 million $ par personne);
- Réduire l’impôt sur le gain en capital et les dividendes;
- Protéger les actifs nets de la vente pour une éventuelle relève familiale ou réinvestissement;
- Éviter les mauvaises surprises post-transaction avec le fisc.
Les leviers fiscaux ou juridiques utilisés
1. L’exonération des gains en capital pour petites entreprises
- Définition : déduction fiscale permettant de ne pas payer d’impôt sur une partie du gain lors de la vente d’actions admissibles.
- Fonctionnement concret : si votre entreprise répond aux critères, jusqu’à 1 016 836 $ (2025) de gain en capital peut être exonéré par actionnaire.
- Avantages : réduction substantielle de l’impôt à payer.
Exemple : un couple détenant chacun 50 % des actions pourrait économiser plus de 500 000$ en impôt.
2. Le gel successoral
- Définition : technique fiscale permettant de figer la valeur actuelle de l’entreprise et de transférer la croissance future à d’autres membres de la famille ou à une fiducie.
- Fonctionnement concret : les actions ordinaires sont échangées contre des actions privilégiées à valeur fixe ; les nouvelles actions ordinaires sont attribuées aux bénéficiaires choisis.
- Avantages : faciliter la transmission tout en planifiant l’impôt futur.
Exemple : un entrepreneur gèle la valeur de son entreprise à 2 M$, et attribue la croissance future à ses enfants via une fiducie.
3. La réorganisation corporative pré-vente
- Définition : ajustement de la structure juridique pour optimiser la vente (holding, filiales, transfert d’actifs).
- Fonctionnement concret : séparation des actifs essentiels et non essentiels, création de sociétés de portefeuille pour isoler certains éléments.
- Avantages : protéger les actifs non vendus, simplifier la transaction et améliorer la fiscalité.
Exemple : une entreprise transfère son immeuble dans un holding pour vendre uniquement ses opérations.
Un mandat que nous avons complété
Un entrepreneur québécois du secteur manufacturier, après 25 ans d’activité, a décidé de vendre son entreprise. Son patrimoine comprenait une société opérante, un immeuble industriel et d’importantes liquidités. Avant la mise en vente, il a procédé à une réorganisation corporative en transférant l’immeuble et les liquidités dans un holding, puis a réalisé un audit complet des contrats clients et fournisseurs, ainsi qu’une évaluation indépendante de l’entreprise. Il a également mis en place une fiducie familiale afin de maximiser l’exonération du gain en capital.
Cette préparation minutieuse a permis de conclure la transaction en seulement 7 mois, d’obtenir un prix de vente 15 % supérieur à l’offre initiale et de réaliser une économie fiscale de plus de 600 000 $.
Ce qu’on oublie trop souvent
- La due diligence inversée : Ne pas vérifier à l’avance ce que l’acheteur vérifiera conduit à des surprises et à des renégociations à la baisse.
- La gestion des passifs cachés: Un vieux litige, une clause oubliée dans un contrat peuvent effrayer un acheteur et faire échouer la vente.
- La communication interne: Faire l’annonce au mauvais moment peut démotiver l’équipe et faire fuir des talents clés.
Questions essentielles à se poser
- Ai-je une évaluation indépendante et récente de mon entreprise ?
- Mes documents juridiques et financiers sont-ils complets et à jour ?
- Ai-je identifié et réduit les risques qui pourraient effrayer un acheteur ?
- Ma structure actuelle me permet-elle de profiter pleinement des avantages fiscaux ?
- Mon entreprise peut-elle fonctionner sans ma présence quotidienne ?
- Ai-je un plan clair pour la transition post-vente ?
Attendre « le bon moment » sans se préparer peut coûter très cher :
- Fiscalement : perte d’accès à certaines exonérations, imposition plus lourde.
- Commercialement : baisse de la valeur perçue par les acheteurs.
- Stratégiquement : rater une offre avantageuse par manque de préparation.
Planifier la vente de son entreprise, c’est protéger la valeur de ce que vous avez construit. Cela permet non seulement de maximiser le prix, mais aussi de réduire les risques et d’assurer une transition harmonieuse.
Une entreprise prête à être vendue est une entreprise qui inspire confiance, démontre sa solidité et reflète une gestion exemplaire. La question n’est pas de savoir si vous devez vous préparer, mais quand vous commencez.