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Audit légal et fiscal : la première étape avant de vendre
Pourquoi l’audit est la première étape avant toute vente d’entreprise? Ce n'est pas qu'un simple transfert de propriété...
Audit légal et fiscal : la première étape avant de vendre
Vendre une entreprise est rarement un simple transfert de propriété. C’est une opération complexe, où chaque détail compte. Pourtant, beaucoup de dirigeants québécois sous-estiment l’importance d’un audit préalable de leur situation légale et fiscale.
Le risque ? Découvrir, en pleine négociation, des irrégularités dans les contrats, des obligations fiscales impayées ou encore des structures corporatives inadaptées. Ces surprises peuvent retarder, réduire, voire faire échouer la transaction.
Un audit complet avant de se lancer dans le processus de vente est donc bien plus qu’une formalité : c’est la première étape incontournable pour sécuriser et maximiser la transaction.
Un audit préalable ne se limite pas à une revue technique de documents. Il protège ce que tout entrepreneur souhaite préserver :
- La valeur de l’entreprise : éviter une baisse de prix due à des risques découverts par l’acheteur.
- La fiscalité : réduire la charge d’impôt grâce à une planification proactive.
- La sécurité juridique : prévenir les litiges post-vente qui pourraient vous poursuivre des années après la transaction.
En réalité, l’audit est un outil de contrôle et de crédibilité. Il donne confiance aux acheteurs potentiels et vous place en position de force lors des négociations.
Profils-types
Profil 1 : L’entrepreneur confiant dans ses finances
« Nos états financiers sont solides, je n’ai rien à craindre. »
Erreur courante : croire que la solidité financière suffit à rassurer un acheteur, sans analyser la qualité des contrats commerciaux, la conformité des baux ou la validité des conventions de travail.
Stratégie recommandée :
- Réaliser un audit contractuel exhaustif couvrant l’ensemble des ententes (clients, fournisseurs, partenaires, employés).
- Vérifier les clauses de résiliation, les obligations implicites, et les risques de litige liés à des termes ambigus ou désuets.
- Corriger ou renégocier les contrats problématiques avant d’approcher des acheteurs.
Avantages :
- Renforce la crédibilité de l’entreprise.
- Réduit le pouvoir de négociation de l’acheteur, qui ne peut pas invoquer de risques cachés pour baisser le prix.
- Évite l’imposition de garanties personnelles ou de retenues de prix.
- Favorise une transaction fluide avec moins de conditions suspensives.
Profil 2 : L’entreprise familiale
« On a toujours fonctionné de manière simple, sans conventions écrites. »
Erreur courante : dépendre d’accords verbaux, d’arrangements informels ou d’avantages fiscaux non structurés, ce qui peut créer des conflits ou limiter l’accès à certaines exonérations.
Stratégie recommandée :
- Rédiger des conventions d’actionnaires claires, couvrant les droits de vote, les transferts d’actions et les modalités de sortie.
- Régulariser les prêts ou avances entre membres de la famille.
- Mettre en place une structure corporative qui respecte les conditions d’exonération du gain en capital.
- Optimiser la détention d’actions via une fiducie familiale, permettant une répartition fiscale avantageuse entre héritiers.
Avantages :
- Sécurise la transmission familiale ou la vente externe.
- Évite les conflits internes au moment de la transaction.
- Permet de maximiser les allègements fiscaux (jusqu’à 971 000 $ par actionnaire en exonération du gain en capital).
- Renforce la transparence et la confiance des investisseurs externes ou des repreneurs.
Profil 3 : Le fondateur indispensable
« Sans moi, l’entreprise ne tourne pas… mais je suis prêt à vendre. »
Erreur courante : ne pas déléguer, ne pas documenter les processus, et rester la seule personne à détenir l’expertise clé.
Stratégie recommandée :
- Mettre en place une équipe de gestion autonome et bien structurée.
- Documenter les procédures critiques : ventes, production, finances, relations clients.
- Revoir les contrats de travail et les régimes d’intéressement pour fidéliser les gestionnaires clés.
- Mettre en avant la marque, les systèmes et les processus plutôt que la figure du fondateur.
Avantages :
- Réduit la perception de risque de dépendance personnelle.
- Augmente l’attrait de l’entreprise pour des acheteurs financiers ou stratégiques.
- Permet une transition plus rapide après la vente.
- Protège la valeur de l’entreprise, même si le fondateur quitte rapidement.
Les leviers fiscaux ou juridiques utilisés
1. L’audit fiscal complet
- Définition simple : une révision détaillée des obligations fiscales passées et actuelles.
- Fonctionnement concret : vérifier la conformité des déclarations, la validité des crédits d’impôt utilisés, et anticiper les impacts fiscaux d’une vente.
- Avantages : corriger les anomalies avant qu’un acheteur ne les découvre, réduire les risques de réévaluation par les autorités fiscales.
- Exemple : un entrepreneur découvre qu’un crédit de recherche scientifique avait été mal appliqué. L’audit a permis de régulariser la situation et d’éviter une réclamation de plusieurs centaines de milliers de dollars.
2. L’audit contractuel
- Définition simple : une vérification systématique de tous les contrats clés (clients, fournisseurs, employés, baux).
- Fonctionnement concret : repérer les clauses de résiliation, les dépendances trop fortes à un client unique, ou les contrats non transférables.
- Avantages : anticiper les négociations avec les partenaires et renforcer la solidité de l’entreprise aux yeux des acheteurs.
- Exemple : une entreprise dépendait d’un seul client représentant 40 % de son chiffre d’affaires, mais le contrat n’était pas cessible. L’audit a permis de renégocier avant la vente.
3. La vérification de conformité corporative
- Définition simple : s’assurer que la structure juridique de l’entreprise respecte les lois et règlements.
- Fonctionnement concret : vérifier les statuts, les registres de société, les conventions d’actionnaires et les résolutions importantes.
- Avantages : éviter les contestations sur la légitimité de certaines décisions ou sur la propriété réelle des actions.
- Exemple : un registre corporatif incomplet a déjà fait échouer une transaction, l’acheteur craignant un litige sur la détention des actions.
Cas pratique
Un entrepreneur québécois du secteur des services professionnels souhaitait vendre après 20 ans d’activité. Son patrimoine comprenait : une société opérante, des liquidités, et un immeuble utilisé par l’entreprise.
Étapes réalisées :
- Audit fiscal complet : correction d’anomalies mineures dans les déclarations.
- Audit contractuel : mise à jour de plusieurs ententes clients et clarification des obligations de non-concurrence.
- Réorganisation corporative : extraction de l’immeuble dans un holding.
Résultats : La transaction s’est conclue en 9 mois, à un prix supérieur de 18 % à l’évaluation initiale, avec une économie fiscale dépassant 450 000 $. L’acheteur a souligné la transparence et la rigueur comme éléments clés ayant facilité sa décision.
Ce qu’on oublie trop souvent
- Les passifs dormants : un litige oublié ou une dette non réglée peut ressurgir en pleine transaction.
- La documentation RH : contrats de travail incomplets, avantages sociaux mal définis, risques de réclamations salariales.
- La préparation psychologique du vendeur : un entrepreneur qui hésite ou qui n’est pas prêt à se détacher ralentit les discussions et peut faire fuir l’acheteur.
Questions essentielles à se poser
- Mes déclarations fiscales sont-elles à jour et conformes ?
- Mes contrats clés sont-ils transférables et juridiquement solides ?
- Mon registre corporatif reflète-t-il fidèlement la réalité ?
- Quels risques un acheteur pourrait-il découvrir en auditant mon entreprise ?
- Suis-je prêt à être totalement transparent sur ma situation financière et légale ?
Ignorer l’audit préalable, c’est prendre le risque de :
- voir un acheteur se retirer à la dernière minute ;
- accepter une baisse significative du prix de vente ;
- payer des impôts ou pénalités imprévus ;
- prolonger la transaction de plusieurs mois, avec un stress accru pour toutes les parties.
Un audit légal et fiscal est la première étape de toute vente d’entreprise réussie. Loin d’être un exercice bureaucratique, il constitue un bouclier et un levier : il sécurise la transaction, renforce la confiance de l’acheteur et protège vos intérêts. Planifier tôt, auditer en profondeur, agir avec transparence : voilà la clé pour transformer la valeur potentielle de votre entreprise en valeur réelle.